Calculer le BFR de votre site e-commerce : comment procéder ?

En e-commerce et comme dans toute activité, la croissance du chiffre d’affaires ne garantit pas une trésorerie confortable. Beaucoup de boutiques vivent le même paradoxe : les ventes progressent, les commandes s’enchaînent et pourtant le compte bancaire reste sous pression. Ce décalage n’est pas forcément un problème de rentabilité (par ici si vous voulez connaître votre seuil de rentabilité), il est souvent la conséquence directe de votre BFR.
Le BFR, pour « besoin en fonds de roulement » correspond à la trésorerie nécessaire pour financer votre cycle d’exploitation. Autrement dit, il mesure l’écart entre ce que votre activité doit payer pour fonctionner et ce qu’elle encaisse réellement au fil du temps. Dans un modèle en ligne, cet écart est amplifié par le poids du stock, les délais de payout des prestataires de paiement, les retours clients et la vente multi-canal.
Nous avons décidé de consacrer ce guide pour vous aider à calculer un BFR e-commerce fiable, puis à comprendre ce qu’il raconte sur votre modèle et sur votre croissance.
Pourquoi le BFR est un sujet vital pour votre activité de vente en ligne ?
Avant d’entrer dans les formules précises, il faut repartir de la logique métier. Le BFR est l’indicateur qui met des mots sur une sensation très concrète : “je vends mais je manque de cash”.
Le décalage stock / vente / encaissement
Une boutique en ligne finance d’abord ses produits, sa logistique et parfois sa publicité, ensuite seulement, elle vend. Ensuite encore, elle encaisse. Même quand le client paie immédiatement, le versement réel peut être différé par les solutions de paiement (PSP) ou par les marketplaces. Ce temps de latence représente une trésorerie immobilisée dans l’activité.
Ce que le BFR dit que le chiffre d’affaires ne dit pas
Le chiffre d’affaires mesure votre niveau d’activité. Le BFR mesure votre consommation de trésorerie liée au fonctionnement courant. Ce sont deux choses très différentes !
Une boutique rentable peut avoir un BFR élevé si elle stocke beaucoup ou si elle paie ses fournisseurs bien avant d’encaisser ses ventes. À l’inverse, une boutique peut avoir un BFR faible et pourtant être peu rentable. Les deux lectures sont complémentaires mais ne se confondent pas.
La formule du BFR et sa traduction e-commerce
La formule est simple mais elle doit être lue avec les bons réflexes dans le cadre d’une activité e-commerçante. C’est cette traduction qui fait la valeur réelle du calcul.
La formule de base
Le BFR d’exploitation se calcule ainsi :
BFR = Stocks + Créances clients - Dettes fournisseurs.
On peut aussi l’écrire sous forme fonctionnelle : actif circulant - passif circulant, ce qui revient au même.
Ce que recouvrent ces postes dans une boutique en ligne
Le stock représente la valeur des produits immobilisés et non encore transformés en ventes encaissées. Les créances clients correspondent à ce que vous avez vendu mais pas encore encaissé à date. Les dettes fournisseurs correspondent à ce que vous devez à vos fournisseurs parce que vous payez après livraison ou après facturation.
Dans un e-commerce, ces postes prennent une couleur particulière. Le stock est souvent dominant. Les créances clients peuvent exister à cause des délais de payout ou d’une part de B2B. Les dettes fournisseurs sont un levier majeur dès que vous bénéficiez de délais de paiement.
Calculer votre BFR pas à pas avec vos chiffres
Le calcul devient vraiment utile lorsqu’il est fondé sur des hypothèses propres à votre modèle. L’idée est de suivre un ordre logique et d’éviter les oublis.
Étape 1 : mesurer le stock moyen réellement immobilisé
Le stock doit être évalué à sa valeur d’achat ou de revient. En e-commerce, il est préférable de raisonner sur un stock moyen plutôt que sur un stock “photo” à une date, surtout si votre activité est saisonnière ou soumise à des lancements.
Pensez aussi au stock “en transit” si vous l’avez déjà payé ou si vous êtes engagé contractuellement. Sur des flux import ou sur de la production longue, ce stock est un vrai réservoir de cash immobilisé.
Étape 2 : identifier ce qui reste à encaisser
En B2C direct, le client paie tout de suite mais l’encaissement réel passe par des intermédiaires. Les PSP appliquent des délais de versement et des frais, ce qui crée un écart entre ventes et cash reçu. Les marketplaces ajoutent souvent des délais plus longs et des commissions.
Les retours doivent être intégrés à cette étape. Ils réduisent ce qui sera encaissé et peuvent déclencher un remboursement alors que la vente initiale n’est pas encore totalement encaissée.
Étape 3 : intégrer les dettes fournisseurs qui financent votre cycle
Ce poste rassemble les factures non réglées liées à l’exploitation : achats de stock, transport, 3PL, production, packaging et parfois certaines solutions facturées à terme.
Plus ce poste est élevé grâce à des délais fournisseurs bien négociés, plus il vient réduire votre BFR. À l’inverse, si vous payez comptant ou avant expédition, vous financez seul votre cycle et le BFR augmente mécaniquement.
Un exemple chiffré du calcul d’un BFR e-commerçant
Un cas simple vous permettra de bien intégrer la mécanique du calcul de votre BFR.
Considérons une boutique qui présente sur un mois moyen :
- Un stock moyen de 80 000 €
- Des créances clients de 15 000 € liées à des payouts à recevoir et à des retours non soldés
- Des dettes fournisseurs de 50 000 € sur stock et logistique payés à terme
Le BFR est donc : 80 000 + 15 000 – 50 000 = 45 000 €.
Ce montant représente la trésorerie nécessaire pour que l’activité tourne sans tension. Si la trésorerie disponible est inférieure à ce niveau, la boutique devra compenser par un financement court terme ou par un ralentissement de son cycle.
Les spécificités de votre activité qui modifient la perception du BFR
Le calcul standard reste le même pour tous les secteurs d’activité. Ce qui change en e-commerce, ce sont les hypothèses et les mécanismes qui font varier les postes.
Retours, remboursements et remise en stock
Le retour client agit comme un ralentisseur de cycle. Il réduit le revenu net attendu et il transforme une vente en stock qui ne redevient pas immédiatement vendable. Plus le délai de retour est long ou plus la remise en stock est lente, plus la trésorerie reste immobilisée. Attention à bien les intégrer dans votre calcul !
Délais de payout et frais des PSP
Même si le client paie immédiatement, vous n’encaissez souvent pas dans la foulée. Les délais de versement de Shopify Payments, Stripe ou PayPal peuvent créer plusieurs jours de décalage. À forte volumétrie, quelques jours suffisent à créer un besoin de financement significatif.
Marketplaces et multi-canal
Vendre sur Amazon, TikTok Shop ou d’autres canaux élargit le chiffre d’affaires mais modifie le BFR : délais d’encaissement plus longs, commissions et parfois retenues en cas de litige. Le BFR doit donc être calculé en consolidé et en tenant compte des délais propres à chaque canal.
Acquisition payante et avance de trésorerie marketing
Dans la plupart des modèles e-commerce, la publicité est payée avant que la vente ne soit encaissée. Ce n’est pas un poste du BFR comptable au sens strict mais c’est un accélérateur de tension dans le cycle cash réel. Quand les budgets Ads montent vite, la montée du BFR est souvent plus rapide que la montée de la marge, évidemment.
Comment devez-vous interpréter le BFR de votre e-commerce ?
Une fois calculé, le BFR devient une grille de lecture. Prise à part, elle ne veut pas dire grand-chose… L’enjeu est de savoir ce qu’elle dit sur votre équilibre financier.
BFR positif, nul ou négatif ?
Un BFR positif signifie que votre cycle consomme du cash. Vous devez financer l’écart par votre trésorerie disponible ou par un relais externe. Un BFR proche de zéro indique un modèle où l’équilibre d’exploitation est neutre sur le cash. Un BFR négatif est un avantage de cycle : vous encaissez avant de décaisser, ce qui peut arriver dans certains modèles sans stock ou avec délais fournisseurs longs.
Le BFR en jours de chiffre d’affaires
Pour piloter, il est souvent utile de convertir le BFR en “jours de CA”. Cette lecture montre combien de jours d’activité vous devez financer en permanence. Suivie dans le temps, elle révèle immédiatement si votre croissance rend le cycle plus gourmand ou plus vertueux.
Comment améliorer votre BFR sans perturber votre croissance ?
Le BFR n’est pas un verdict en soi, c’est un levier. Une boutique en ligne peut agir sur son cycle sans freiner sa traction. Pour l’améliorer toutefois, voici trois moteurs essentiels.
Le premier est la rotation de stock. Réduire les surstocks, mieux prévoir les réassorts et accélérer les ventes lentes diminue directement le BFR.
Le deuxième moteur est le délai fournisseurs. Négocier quelques jours supplémentaires sur les achats ou la logistique peut libérer beaucoup de trésorerie.
Le troisième moteur est l’encaissement. Accélérer les payouts, limiter les litiges et optimiser les retours réduit l’écart entre ventes et cash.
Chaque accélération augmente d’abord le BFR avant d’augmenter durablement votre marge. C’est tout à fait normal. La question est de savoir si votre trésorerie peut absorber cette montée. Pour ce faire, simuler l’effet d’un stock supplémentaire, d’une hausse de CAC ou d’un nouveau canal permet d’éviter une croissance “qui étouffe”.
La bonne gestion du BFR de votre e-commerce avec Excilio
Le BFR est simple sur le papier mais exigeant dans la pratique d’un e-commerce. La fiabilité du résultat dépend d’une comptabilité alignée sur vos flux réels : ventes brutes correctement ventilées, retours traités proprement, payouts réconciliés, stock valorisé au juste niveau et dettes fournisseurs exhaustives…
Chez Excilio, nous reconstruisons cette base puis nous mettons en place un suivi du BFR dans le temps avec une lecture dirigeant. Vous savez combien votre cycle consomme de trésorerie, pourquoi et comment le rendre plus favorable avant d’accélérer.
Si vous souhaitez calculer votre BFR actuel ou modéliser son évolution avec vos prochains scénarios de croissance, nous pouvons le faire rapidement à partir de vos données Shopify, PSP ou autres outils de vente connectés. Contactez-nous pour en discuter !


